Accéder au contenu principal

Sous les eaux noires de Lori Roy: nature trouble



😻😻😻😻
The disappearing
Traduit de l'anglais (EU) par Valérie Bourgeois
Roman - 320 pages
Editions du Masque - 2019


✩ Sélection décembre jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩  



A 18 ans, Lane a saisi la première occasion, en l’occurrence un mari, pour fuir son père,  sa ville, son Etat suffocant de Floride.


Vingt ans et deux enfants plus tard, son mari l'a mise à la porte de chez eux et voilà Lane contrainte de retourner frapper à la porte de ses parents et de faire le service dans un bar un peu crasseux de son Waddel natal.

A son retour, tous les yeux se tournent vers Lane, les bonnes gens murmurent « elle est revenue... »

La fille Fielding, les Fielding de la plantation, celle du cimetière d'enfants ...

Quand sa propre fille aînée disparaît, Lane n'a pas d'autre choix que de se confronter à son passé.

Lori Roy nous embarque alors dans cette Floride, moite, poisseuse, ce Sud des Etats-Unis construit sur les marécages et les corps des esclaves.

Sous les eaux noires, moins qu'un thriller, est avant tout un roman d'ambiance à cet égard parfaitement réussi.

Plus on avance dans la lecture, plus on ressent les éléments se déchaîner, l'air se raréfier.

L'auteure parvient à cette ambiance en construisant sa narration sur les récits successifs de quatre des personnages principaux qui livrent uniquement leur propre point de vue.

Pas d'objectivité donc, pas de neutralité, et a fortiori, pas de réponse...

Plus le récit avance, plus le mystère s'épaissit, et moins de lecteur a de certitude.

Qu'est-il arrivé aux enfants de la maison de correction que dirigeait le père de Lane ? Existe-til un lien avec les disparitions actuelles ? Qui est le mystérieux frère du jardinier ? Et cette voisine un peu timbrée qui colle des portraits aux fenêtres des Fielding ? Pourquoi ? Comment ?

Comme les personnages, le lecteur reste avec ses questions, et c'est à mon sens l'originalité principale de ce roman.

L'auteure aurait je pense pu aller plus loin dans son épilogue, travailler cette fin qui aurait pu nous laisser sans voix plutôt qu'avec une pointe de déception...

Dommage, mais pour autant, Sous les eaux noires reste un moment de lecture très agréable.








Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les marins ne savent pas nager de Dominique Scali: le triomphe de l'imaginaire.

  😻😻😻😻😻 Roman - 728 pages La peuplade - 2023 Mais quelle aventure que cette lecture! Dominique Scali nous débarque sur les côtes de l'île d'Ys, l'Atlantide bretonne qui a résisté aux assauts des François et des Anglois, quelque part, donc, dans l'atlantique, quelque part, a priori, au 18ème siècle. Et on débarque là, un peu comme des naufragés, dans un monde, des paysages, une langue, une histoire, des us et coutumes que l'on ne connait pas... Perdus! Et puis on rencontre Danae Poussin, l'orpheline au tempérament de feu, dont on va suivre la trajectoire jusqu'à sa mort. Avec elle on va apprendre tout ce que l'on ignore: les paysages, le vocabulaire, l'histoire, les us et coutumes... Et c'est là toute la magie du livre: Dominique Scali a créé un monde entier, elle le partage et le transmet avec un naturel proprement étourdissant. Non seulement elle invente un langage, mêlant une sorte de québécois, de vieux français et de vocabulaire maritime...

La version qui n'intéresse personne de Emmanuelle PIERROT: chienne de vie.

  😻😻😻😻😻 Roman - 320 pages Le Quartanier - 2023 Un premier roman coup de poing, brut, animal et totalement addictif. Le récit se focalise sur une petite communauté de punks marginaux, autoproclamés libre-penseurs, qui pourtant cache un conformisme à la papa des plus répugnants. Dans la seconde partie du roman, la focale s'élargit et l'autrice dépeint à la perfection cette capacité proprement humaine à se changer en meute et attaquer les plus fragiles pour servir d'exutoire aux peurs et angoisses individuelles et collectives.  Briser à celui qui est le plus facile à atteindre pour se rassurer quant à sa propre médiocrité. En situant son récit en pleine pandémie, Emmanuelle PIERROT réussit à démontrer l'universalité de cette pulsion aveugle et destructrice qui fait s'acharner les êtres humains à trouver des boucs émissaires, exacerbée par notre dépendance aux réseaux sociaux, qu'il s'agisse d'une petite communauté de punks à chiens ou de la planète ent...

Cher connard de Virginie Despentes: c'est ç'ui qui dit qui y est...

  😻😻 Roman - 352 pages Grasset - 2022 Très sincèrement, je suis assez sidérée des éloges faites à ce roman, à quelques voix discordantes près, annoncé comme "LE" roman de la rentrée littéraire, ce qui me parait injurieux à l'égard tant de la rentrée que de la littérature. J'avais hurlé au génie avec la meute pour Vernon Subutex, et je maintiens, c'est exceptionnel.  Mais là franchement... Cher connard , déjà le titre est à chier, ça sent la provoc de fin de récré, mais bon pourquoi pas (ouioui j'ai compris l'antagonisme entre "cher" et "connard"... ça rend pas la chose intelligente pour autant). L'histoire en substance c'est que Oscar, un écrivain fils de prolo (ça elle y tient aux origines) que le succès à rendu super beauf et alcolo, écrit un message sur internet pour dire qu'elle a pris cher Rebecca, fille de prolo (what a surprise) star vieillissante et droguée du cinéma français, convertie au féminisme. Rebecca lui ré...