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Articles

Affichage des articles du mars, 2018

Le nouveau nom de Elena Ferrante: telenovela italiana

😻😻😻 Roman Traduit de l'italien par Elsa Damien Gallimard 2016 - 553 pages Folio 2017 - 640 pages Attention: ce billet est emprunt d'une très grande mauvaise foi. Difficile de chroniquer Elena Ferrante tant ce roman, comme le précédent, m’inspire des sentiments contradictoires. Deuxième tome de sa tétralogie napolitaine, Le nouveau nom nous renvoie dans les bas quartiers de Naples au début des années soixante. On y retrouve Lila qui, tout juste mariée, réalise que son mari Stefano est un sale traître pathétique (je n'en dis pas beaucoup plus, rapport à si vous n'avez pas lu le tome 1). Du coup Lila elle est pas trop chaude pour la bagatelle mais à cette époque, Stefano il faut qu'il engrosse sa femme s'il veut prouver qu'il est un homme. Donc on décide d'envoyer Lila à la mer, parce que le soleil et l'eau salée, ça soigne tout et ça fait pousser les bébés. Comme elle veut pas y aller toute seule (enfin y'a b

La petite femelle de Philippe Jaenada: crimes et châtiment.

😻😻😻😻 Roman (non fiction) Juillard 2015 - 720 pages Points 2016 - 744 pages Une pointe de Truman Capote, un dose de Norman Mailer et un zeste de Hunter H. Thompson: voilà, vous avez un Jaenada! Alléchant? Oh que oui! Philippe Jaenada s'empare du fait divers avec talent, sensibilité et une bienveillance qui manque cruellement par les temps qui courent. Il prend son lecteur par la main et lui raconte son histoire: comment il a écrit ce livre, et pourquoi. Cette narration, très personnelle, faite de digressions sur la vie de l'auteur, a pour effet d'impliquer totalement le lecteur, suspendu aux lèvres de l'écrivain tout au long de ce très gros roman, qui connait quand même certaines longueurs on ne va pas se mentir, lesquelles, pour autant, ne nuisent pas outre mesure à ses mérites. Dans  La petite femelle , Jaenada revient sur un fait divers qui a marqué son époque, l'histoire de Pauline Dubuisson qui, en 1951, tua son ancien a

Ils vont tuer Robert Kennedy de Marc Dugain: Oh my God, they killed Bobby!

😻😻😻😻 Roman Gallimard 2017 - 400 pages Avant toute chose, il me faut confesser une absence totale d'objectivité dès lors qu'il s'agit d'aborder les Kennedy, lesquels me fascinent au plus haut point. Cette famille d'immigrés irlandais moitié mafieux-moitié vertueux, pétris de contradictions: émancipateurs misogynes et condescendants, porteurs d'espoirs de changements quand ils ne faisaient qu’asseoir une dynastie, combattants ambitieux perpétuellement endeuillés par les drames à répétition... Les Kennedy incarnent purement et simplement le rêve américain: grandeur et décadence, amour et haine, génie et tragédie, fascination et abjection. Pas étonnant ainsi que Marc Dugain, auteur tendance paranoïaque de talent, se penche sur leur histoire, après avoir disséqué la vie du non moins sulfureux John Edgar Hoover dans l'excellent  La malédiction d'Edgar . Un roman d'enquête troublant Premier bon point, Dugain prend le parti

Enterrez vos morts de Louise Penny: je me souviens...

😻😻😻😻 - Coup de coeur Roman policier Traduit de l'anglais (CANADA) par Claire et Louise CHABALIER Actes Sud 2015 - 464 pages Babel noir 2018 - 528 pages J'avais quitté Louise Penny, un peu (pas mal) déçue, sur son Révélation brutale: un roman confus, brouillon, qui sentait l'inachevé, et bien loin de ce à quoi elle nous avait habitués. C'est donc non sans une certaine appréhension que j'attendais son retour (très long, pour la version poche). Et voici qu'elle nous livre Enterrez vos morts,  probablement le meilleur roman à ce stade de sa série consacrée à l'Inspecteur-chef de la Sûreté de Québec Armand Gamache. A contre-courant de nombre de séries policières à succès sur ces dernières années, Gamache est un personnage ultra positif, sans être creux, mais qui inspire la sécurité, qu'on retrouve avec un plaisir douillet, comme un doudou adoré. Dans ce sixième volet, notre héros délaisse l'étonnement criminogène bourgade de Thr

Tout n'est pas perdu de Wendy Walker: ... mais pas grand chose à sauver quand même.

😻😻 Roman (thriller) Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau Sonatine 2015 - 352 pages Pocket 2017 - 408 pages Je vais être honnête, je n'aurais a priori jamais acheté ce roman, je l'ai reçu avec mon abonnement à Quais du polar 2018 (c'est Sonatine qui offre pour ses 10 ans).  Bref, je ne suis pas une fanatique des thrillers estampillés "psychologiques". Ils sont rarement assez subtils pour être crédibles, et de fait rarement assez crédibles pour être intéressants. Tout n'est pas perdu  ne déroge hélas pas à ce constat . Entre vulgarisation scientifique grossière, assénée à coups de burin, et tentatives d'anticipation maladroites, Wendy Walker crée rapidement la déception. Le sujet était pourtant prometteur: une jeune victime de viol se voit prescrire un traitement permettant d'effacer l’événement de sa mémoire. Mais si le souvenir "psychique" de l'agression disparaît bien, le corps lu