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Tout n'est pas perdu de Wendy Walker: ... mais pas grand chose à sauver quand même.





😻😻
Roman (thriller)
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau
Sonatine 2015 - 352 pages
Pocket 2017 - 408 pages


Je vais être honnête, je n'aurais a priori jamais acheté ce roman, je l'ai reçu avec mon abonnement à Quais du polar 2018 (c'est Sonatine qui offre pour ses 10 ans). 

Bref, je ne suis pas une fanatique des thrillers estampillés "psychologiques".

Ils sont rarement assez subtils pour être crédibles, et de fait rarement assez crédibles pour être intéressants.

Tout n'est pas perdu ne déroge hélas pas à ce constat.

Entre vulgarisation scientifique grossière, assénée à coups de burin, et tentatives d'anticipation maladroites, Wendy Walker crée rapidement la déception.

Le sujet était pourtant prometteur: une jeune victime de viol se voit prescrire un traitement permettant d'effacer l’événement de sa mémoire.

Mais si le souvenir "psychique" de l'agression disparaît bien, le corps lui, se rappelle du trauma et plonge la jeune Jenny dans le désespoir, sans qu'elle parvienne à identifier les cause de ce dernier.

L'auteure a donc pour ambition d'aborder la question, pour le coup passionnante, de la mémoire: ce qu'on oublie, comment on oublie, ou croit oublier... Elle explore (ou tente de le faire) à partir de là les possibilités, bien réelles semble-t-il, de manipuler la mémoire, et donc les individus.

J'avoue avoir ressenti un léger vertige à la perspective des possibilités ouvertes par un tel sujet.... jusqu'à l’apparition du psychiatre.

C'est qu'on ne me la fait pas: j'ai lu tout Mary Higgins Clark à 14 ans (le tout de l'époque (non je ne dirai pas quand)), donc je sais à quoi m'attendre quand je croise un psychiatre dans un thriller.

Et malheureusement, Wendy Walker ressasse de vieux mythes éculés et enchaîne les rebondissements téléphonés.

Elle maintient tant bien que mal un rythme qui permet d'avancer sans trépasser d'ennui et il faut lui reconnaître que l'idée de la narration portée par un unique personnage, sans dialogue, à l'exception de ceux qu'il rapporte, était plutôt intéressante.

Le tout s’essouffle pour autant rapidement tant les efforts de l'auteure pour démontrer que oui, elle a bien travaillé son dossier, rendent le propos artificiel, alors que précisément les enjeux et questions éthiques liées à la manipulation des souvenirs, aux suggestions mentales, ne sont qu'effleurées.

La lecture n'est pas "désagréable", il serait pour le coup malhonnête de le dire, mais largement dispensable.



La BO:

Pixies: Where is my mind




Jeanne Moreau: J'ai la mémoire qui flanche











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