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Honoré et moi de Titiou Lecocq: Balzac à l'ouest




😻😻😻😻
Récit - 256 pages
L'iconoclaste - 2019

✩ Sélection février jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩  



Je ne m’attendais pas à grand-chose en entamant ce livre pour avoir péniblement parcouru le roman sobrement intitulé « Les morues » de la même autrice, lequel m’avait laissée pour le moins perplexe…



Quelle bonne surprise donc que cette biographie (certes parcellaire) totalement dynamitée.

Saluons déjà l’effort : s’attaquer à Balzac, en 2019, c’est en soi une gageure tant il certain qu’il existe des centaines de documents biographiques sur la vie, l’œuvre, et la mort de ce brave Honoré (on apprendra d’ailleurs que Victor Hugo, Alexandre Dumas ou Théophile Gauthier, rien que ça, s’y sont collés en leur temps).

Comment, dès lors, aborder ce demi-dieu de la littérature française, qui pourtant n’aura jamais eu sa place au Panthéon, sans se contenter de ressasser ce qui a été dit et répété, usé et galvaudé ?

Et bien en trouvant un point de vue original qui changera le dieu en homme et redonnera l’envie aux anciens collégiens échaudés de se lancer dans la grande Comédie Humaine.

Et vous savez quoi ? 

Pari réussi pour Titiou Lecoq qui nous livre le récit drôle, ludique et attachant de la vie d’un homme persuadé d'être né pour être riche (qui lui jetterait la pierre entre nous...)

Par tous les moyens Balzac tentera de le devenir mais, s'il ne manquait pas d'idées (dont certaines de génie), il pêchera toujours par une prodigalité et une absence totale de sens des réalités frôlant la sauvegarde de Justice.

Son rapport aux femmes est également passionnant à plusieurs égards (le type devait avoir un sacré charisme pour réussir à rester un séducteur avec sa bedaine et seulement la moitié de ses dents)

J’ai un peu regretté en revanche que le récit ne se focalise que sur les échecs de l’auteur, même s’il s’agit du parti pris principal du roman.

Sur la forme, le style n’est pas foudroyant et les tentatives d’analyses sociales ou philosophiques un peu creuses à mon sens, mais le récit est globalement un vrai moment de plaisir qui aura le mérite de m’avoir fait prononcer des paroles que je ne pensais jamais, never ever, pouvoir dire :

« Merde, j’ai trop envie de lire du Balzac maintenant. »




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