Accéder au contenu principal

Rien est noir de Claire Berest: mais c'est pas mal gris, en fait.




😻😻
Roman - 250 pages
Stock - 2019

✩ Sélection décembre jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩ 

Claire Berest, après avoir retracé le destin (hors normes par ailleurs) de sa grand-mère dans son "Gabriële", retente l'expérience avec celle qui est probablement à ce jour, et dans le monde entier, la plus célèbre peintre féminine, et c'est, pour moi, un échec.

Le problème de s'attaquer à Frida Khalo en 2019, c'est que depuis Salma Hayek sur grand écran, faut se creuser la tête pour trouver quelque chose à dire qu'on n'ait pas vu, ou lu, dans un article, dans un livre, sur un t-shirt ou un sac à franges…

En l'occurrence peut-être que rien n'est noir, mais rien n'est nouveau non plus…

Le roman est une accumulation de faits, des fragments de vie qu'on dirait un peu piochés sur Wikipédia et disséminés tout au long du roman.

La qualification de roman même est d'ailleurs sujette à caution: il aurait fallu, pour cela, un point de vue, un parti pris, un engagement.

Je n'ai rien trouvé de tout cela dans ce livre qui se contente d'être une biographie peureuse, comme on en trouve beaucoup trop en ce moment par ailleurs, où la Kahlo n'est définie que par son rapport à Diego Rivera.

Frida, pleine de fougue, méritait mieux.

Côté style, j'ai eu beaucoup de mal aussi.

Je trouve le roman très sur-écrit, presque artificiel. L'auteure enchaîne des phrases de 15, 17 voire 20 lignes et des "phrases" d'un mot, posé là comme si ça faisait de la poésie.

Et puis alors parfois, des mots en espagnol, on comprend pas bien ce qui justifie ces insertions quand les personnages sont supposés tous parler le même langage.

Enfin le roman souffre d'une narration confuse puisqu'elle est tantôt neutre et extérieure, tantôt l'auteure se fait narratrice… on s'y perd un peu, n'est pas Jaenada qui veut.

Un roman largement dispensable donc et à réserver à qui n'a jamais entendu parler de Frida Kahlo, et à ceux qui pourront supporter le style pompeux de l'auteure.


























Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'empreinte de Alexandria Marzano-Lesnevich: de profundis

😻😻😻😻 The fact of a body, a murder and a memoir (2018) Récit Traduit de l'anglais (USA) par Héloïse Esquié Sonatine 2019 - 480 pages Je ne pense pas avoir jamais ressenti autant de soulagement à refermer un livre. Sérieusement, il FALLAIT que ça s'arrête... Je ne suis pas particulièrement sensible, enfin, disons pas particulièrement retorse aux lectures intenses, mais je dois dire que la lecture de ce livre s'est avérée très éprouvante. Dans ce récit mêlant autobiographie et nouveau journalisme, Alexandria Marzano-Lesnevich raconte comment nos convictions les plus profondes peuvent vaciller en un instant. Cet instant, pour cette fervente opposante à la peine de mort, c'est celui où, alors stagiaire dans un cabinet d'avocats spécialisé dans les dossiers où la peine de mort est encourue, elle assiste aux aveux filmés de Ricky Langley. C'est que Ricky Langley, en février 1992, a tué le petit Jeremy Guillory, 6 ans. Mais sur

Les marins ne savent pas nager de Dominique Scali: le triomphe de l'imaginaire.

  😻😻😻😻😻 Roman - 728 pages La peuplade - 2023 Mais quelle aventure que cette lecture! Dominique Scali nous débarque sur les côtes de l'île d'Ys, l'Atlantide bretonne qui a résisté aux assauts des François et des Anglois, quelque part, donc, dans l'atlantique, quelque part, a priori, au 18ème siècle. Et on débarque là, un peu comme des naufragés, dans un monde, des paysages, une langue, une histoire, des us et coutumes que l'on ne connait pas... Perdus! Et puis on rencontre Danae Poussin, l'orpheline au tempérament de feu, dont on va suivre la trajectoire jusqu'à sa mort. Avec elle on va apprendre tout ce que l'on ignore: les paysages, le vocabulaire, l'histoire, les us et coutumes... Et c'est là toute la magie du livre: Dominique Scali a créé un monde entier, elle le partage et le transmet avec un naturel proprement étourdissant. Non seulement elle invente un langage, mêlant une sorte de québécois, de vieux français et de vocabulaire maritime

Cher connard de Virginie Despentes: c'est ç'ui qui dit qui y est...

  😻😻 Roman - 352 pages Grasset - 2022 Très sincèrement, je suis assez sidérée des éloges faites à ce roman, à quelques voix discordantes près, annoncé comme "LE" roman de la rentrée littéraire, ce qui me parait injurieux à l'égard tant de la rentrée que de la littérature. J'avais hurlé au génie avec la meute pour Vernon Subutex, et je maintiens, c'est exceptionnel.  Mais là franchement... Cher connard , déjà le titre est à chier, ça sent la provoc de fin de récré, mais bon pourquoi pas (ouioui j'ai compris l'antagonisme entre "cher" et "connard"... ça rend pas la chose intelligente pour autant). L'histoire en substance c'est que Oscar, un écrivain fils de prolo (ça elle y tient aux origines) que le succès à rendu super beauf et alcolo, écrit un message sur internet pour dire qu'elle a pris cher Rebecca, fille de prolo (what a surprise) star vieillissante et droguée du cinéma français, convertie au féminisme. Rebecca lui ré