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Girl
Traduit de l'anglais (Irlande) par Aude de Saint Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat
Roman - 250 pages
Sabine Wespieser - 2019
✩ Sélection janvier jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩
“J’étais une fille autrefois, c’est fini. Je pue.
Couverte de croûtes de sang, mon pagne en lambeaux. Mes entrailles, un
bourbier. Emmenée en trombe à travers cette forêt que j’ai vue, cette première
nuit d’effroi, quand mes amies et moi avons été arrachées à l’école.”
Dès les premières lignes, Edna O'Brien nous met K.O.
Girl, c’est l’histoire des écolières enlevées au Nigéria par
la secte de Boko Haram en 2014
A travers le personnage principal qu’est Maryam s’expriment
les voix des dizaines de vies ravagées rencontrées par Edna O’Brien qui, a 88
ans, s’est embarquée pour Lagos afin de recueillir leur parole.
Ces petites filles devenues objets : volées,
restituées, déplacées, abimées, rejetées…
Car le supplice de ces « filles » ne s’est pas
arrêté aux portes des camps de Boko Haram…
Dans un récit halluciné, Edna O’Brien retrace l’errance
de la fuite, la folie qui gagne Maryam laquelle, à bout de souffle, tente de sauver leur
peau, ou ce qu’il en reste, à elle et son bébé, sa petite fille qu’elle ne
sait pas comment aimer.
Girl est encore le récit d’un retour impossible parce en guise
de comité d’accueil, les filles n’auront reçu que le mépris de leurs familles,
toutes à leur petite honte de voir souillé le nom de leurs ancêtres.
Des victimes devenues maudites pour avoir servi d’esclaves
à des fous psychopathes…
#BringBackOurGirls, qu’ils disaient…
Edna O’Brien, qui a passé sa vie et son œuvre à prendre
le parti des femmes, surtout celles dont personne ne veut, signe ici un livre terrifiant
et probablement « nécessaire » comme on dit maintenant.
Le style de l’auteure : rude, direct et peu
conciliant, est parsemé de moments de grâce, des couleurs, des paysages, de la
lumière en forme de pause dans un roman de la fange.
C’est un rythme fait de bousculades et de répit, déroutant parce qu’assez peu fluide, mais il est certain qu’on sort de cette
lecture exténué, révolté et enragé par l’infini des horreurs dont est possible l’être
humain.
Et c’est abominable de penser que même si Maryam n’existe
pas, tout est vrai.
En un mot : bouleversant.
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