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Roman graphique - 339 pages
Grasset - 2019
✩ Présélection jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩
Ne vouant pas de culte particulier à René Goscinny, étant moi-même venue à la bande dessinée très tardivement, je ne me serais pas spontanément tournée vers cet ouvrage... et ç'aurait été fort dommage !
Parce qu'il faut dire que le vie de René Goscinny fût tout à fait incroyable, partagée entre l'Argentine de son enfance, son New York de jeune adulte, la France d'après-guerre, la Belgique... Goscinny a fréquenté les grands noms de la bd avant qu'ils soient des grands noms.
De son rôle majeur dans la naissance du magazine Pilote, à la création d'Asterix en passant par Lucky Luke, Le petit Nicolas, Oumpah-Pah ou Iznogoud, Le roman des Goscinny rappelle à ceux qui, comme moi, l'auraient oublié, que René Goscinny a nourri l'imaginaire collectif français plus que tout autre auteur, et contribué à faire de la bande dessinée un Art majeur.
Catel livre ici le portrait d'un homme vif, drôle, généreux, fidèle à ses convictions, et dont la foi inébranlable en son destin force le respect.
Acharné de travail, et conscient de ses limites, René Goscinny ne conçoit son métier qu'au travers ses amitiés, lesquelles dureront d'ailleurs sa vie entière.
Avec un dessin aux lignes douces et sobres, Catel fait revivre René Goscinny avec beaucoup de bienveillance.
L'utilisation de la couleur comme marqueur de narration sert parfaitement ce roman choral, puisque, et c'est précisément ce qui fait l'originalité, et tout cas la beauté de cet ouvrage, le roman est organisé en une alternance de chapitres narrés par René puis par Anne.
Or si les propos d'Anne sont tirés des discussions entre celle-ci et Catel, ceux de René sont intégralement retranscris d'entretiens et interviews qu'il a accordés en son temps
Le roman des Goscinny se présente ainsi, plus de 40 ans après la mort prématurée de René, comme un ultime dialogue entre un père et sa fille.
Le roman des Goscinny se présente ainsi, plus de 40 ans après la mort prématurée de René, comme un ultime dialogue entre un père et sa fille.
Ses mots à lui, mêlés à ses mots à elle, comme une dernière étreinte.
Grâce à Anne par ailleurs, Catel a pu avoir accès à toutes les archives familiales et en a tiré le deuxième trait de génie de son roman qui a été d'insérer dans celui-ci des dessins et croquis, caricatures etc... originaux tirés des carnets personnels de René Goscinny, ce qui permet d'appréhender l'étendue de son talent, là où parfois on ne l'attendait pas.
Les esprits chagrins regretteront peut-être le côté très laudatif de l'ouvrage, c'est souvent le pendant des biographies autorisées, mais l'émotion affleure à chaque page, et c'est à regret qu'avec nostalgie qu'on referme ce livre, la tête ailleurs, au pays de l'enfance, des cowboys et des gaulois et des indiens et des mille merveilles...
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