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Au 5ème étage de la faculté de droit de Christos Markogiannakis: 5ème sous-sol, plutôt.





😻😻
Roman (policier)
Traduit du grec par Anne-Laure Brisac
Albin Michel 2018 - 288 pages




J'ai rencontré Christos Markogiannakis, auteur grec, donc, à Quais du polar cette année, et c'est un homme tout à fait charmant.


J'avais entendu le plus grand bien de son premier livre, un essai traitant du meurtre dans l'art (Scènes de crime au Louvre: une enquête criminartistique aux éditions Le Passage).


Après réflexion, en tenant compte de mes limites en terme d'art pictural, j'ai préféré choisir son roman, tout juste sorti de presses, et bien mal m'en a pris...


Bon, me direz-vous, le titre aurait dû m'alerter et ma bonne âme me perdra, mais, à ma décharge, la quatrième de couverture n'était pas rebutante:


Faculté de droit d'Athènes, un beau matin de février, deux cadavres sont découverts dans les couloirs du 5ème étage, consacré au département de criminologie: celui d'une professeure, Irina Siomou, à la personnalité controversée, et celui de Anghélos Kondylis, unanimement considéré, lui, comme un bon camarade, et un étudiant prometteur.


Christophoros Markou, jeune capitaine de police, et ancien étudiant (comme de par hasard) du master de criminologie proposé par ladite faculté de droit d'Athènes, est dépêché sur les lieux et se lance dans une enquête haletan... dans une enquête.



A la lecture du résumé, il est certain qu'on ne s'attend pas à un roman révolutionnant le genre, mais plutôt à quelque chose de bien, bien classique.


Sans surprise on retrouve donc la construction agathachristienne par excellence: meurtre/étude des personnages/révélation.


Moi a priori ça ne me gêne pas le moins du monde, à la condition néanmoins que d'une part la psychologie des personnages soit suffisamment étayée et que, d'autre part, l'auteur soit capable de construire son roman de telle sorte qu'il puisse tenir le lecteur dans une heureuse et confiante confusion.


Et c'est là que le bât blesse.


Au delà de la prévisibilité du dénouement (environ dès la page 20 en ce qui me concerne), le récit traîne en longueur et l'absence de profondeur du personnage de l'enquêteur, dont on ne nous dit quasiment rien, lasse assez rapidement.


Comme toujours, le fond aurait pu supporter quelques flottements si la forme avait été la préoccupation principale de l'auteur, mais là encore, aucun miracle ne se profile.


L'écriture est plate, sans envergure et provoque parfois des moments de très grande gêne comme lorsque l'auteur écrit:


"La dernière chose qui lui passa par la tête en cet instant-là ne fut ni une pensée fulgurante, ni un souvenir d'enfance surgi des tréfonds de l'oubli, encore moins les sons ou les images qui composent le film d'une existence: ce fut une balle."


...

Personnellement j'ai failli tourner de l’œil...

Et malheureusement tout le roman est à l'avenant: on comprend bien ce que l'auteur a voulu faire, mais ça tombe toujours un peu à côté, dommage.






















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